lecons a tirer des crises du monde




Leçons à tirer  dans le monde et en Afrique de l’ouest


Il est sans doute sur que ces crises ne sont pas restées sans effet dans le monde et en Afrique de l’Ouest, d’où la nécessité de réfléchir de façon critique à la question ethnique, et aux concepts qu’elle induit, en liaison avec la question sociale propre aux États pluriethniques africains. En soi même, les ethnies et l’ethnicité à l’exemple de la nation et la nationalité, ne confèrent aucune qualité particulière de substance aux individus qui s’y reconnaissent.

Mais manipulés, de façon a critique, conjugués avec l’oubli ou l’occultation des contradictions de la donne néocapitaliste, ils exposent à des confusions d’analyses de contextes socioculturelles, complexes.
Placés dans l’étau de politiques réactionnaires, propres à nombre de contextes nationaux africains, l’ethnie et l’ethnicité deviennent invariablement des écrans qui occultent les contradictions violentes de classes, cachent les enjeux de la prédation et de la domination néocoloniale qu’organisent les élites locales criminelles en lien avec les structures du grand capital et de la bancocratie mondiale; ce qui inévitablement conduit à des crises explosives de guerres ethnico-civiles meurtrières de masse.
Un constat banal signe cette réalité: rares sont les Africains qui ne se reconnaissent d’aucune ethnie. Il existe cependant, dans les villes des éléments totalement détribalisés et qui ne pratiquent aucune langue africaine propre au continent et donc ne s’expriment que dans les langues de colonisation. La question de l’ethnie en Afrique a été en France, l’objet de débats dans les années 80 dans les sciences de l’homme. J L Amselle et Elikia Mbokolo ou J.P. Chrétien ont, à leur façon, alimenté ce débat par les publications suivantes: Jean-Loup Amselle et Elikia Mbokolo, Au cœur de l’ethnie…Paris, Ed. La Découverte, 1999. J.Pierre Chrétien et G. Prunier, Les ethnies ont une histoire. Paris, Ed. Karthala, 2003.
Ce débat a interrogé la pertinence du concept d’ethnie sans nier l’objet, et critiqué l’abondance des approches a-historisantes. On pense au génocide au Rwanda en 1994 et aux violences des guerres civiles au Nigeria, au Soudan, en Sierra-Leone, au Liberia, en Somalie, etc..
D’une façon générale les médias traitent l’actualité africaine sous un angle simpliste et économe en explications contextuelles, comme nombres d’auteurs aux vues étroites. Un exemple récent: Stephen Smith, expert autoproclamé, armé de raccourcis à deux balles, il éclaire tout un continent par des préjugés et des clichés éculés d’un autre âge. Il n’est malheureusement pas un cas isolé dans certains secteurs des élites de l’État français soumis à des vents nauséeux.
Lire Boubacar Boris Diop, Odile Tobner, François Xavier Verschave, Négrophobie Paris, Ed. Les Arènes, 2005 en réponse à Négrologie » Paris, Ed. Calmann-Lévy, 2003 de Stephen Smith et autre discours de Dakar par N. Sarkozy.
Nous donnons ici quelques exemples français à savoir: Elf-Total-Fina, Bolloré, Bouygues, Lafarge, Générale des Eaux. Ces groupes participent activement au démantèlement des structures publiques d’encadrement social des États du pré-carré français en Afrique. Ici le contrôle des sources d’énergies par les groupes pétroliers français en Afrique centrale a fait plus de 100.000 morts au Congo. Ce qui nous fait dire que les morts congolais sont plutôt des morts du capitalisme et non de guerres ethniques. A cela, il faut ajouter l’instabilité structurelle entretenue en RDC-ex Zaïre, le pillage organisé de ses ressources par les multinationales occidentales en lien avec les élites locales, depuis l’assassinat de Patrice Lumumba en 1961. Ces opérations de prédation n’épargnent aucun pays ou secteur: les télécommunications, les forêts, l’eau, l’éducation, la santé, tout y passe, conjugué avec des contrats de ventes d’armes et le soutien aux divers satrapes au pouvoir.
Sans entrer dans les détails, nous citerons les exemples de États d’Ousmane Dan Fodio au Nigeria, Cheikh Hamadou à Djenné-Tombouctou, Mohamed Bello à Sokoto, El Hadj Omar au Fouta Djalon et Macina, ou les États Mossi, le Bénin, l’Ashanti ou Kong et le Gwiriko. Cf J. Capron, Les communautés villageoises Bwa, Mali-Haute-Volta et Harana Paré, La société Samo à la fin du XIXème siècle et la conquête coloniale française…
Cf Y Person Samori: une révolution Dyula 3 vol. Paris, Mémoire de L’IFAN. 1963-1975.
L’ethnologie se développe avec la colonisation et ne s’en affranchit que tardivement. Quant à la géographie, elle accompagne les voyageurs-explorateurs en fournissant à l’opinion, au travers de son réseau de sociétés locales, l’exotisme des espaces lointains peuplés de sauvages.
Seules de rares personnalités comme Elisée Reclus échappe à la fin du XIXème siècle aux pièges d’une géographie nomenclaturale, exotique et déterministe. Cf. Reclus Elisée, L’Homme et la Terre, 2 vol. Paris, Ed. La Découverte, Maspéro, 1982.
Voir note (4). Entendre par bancocratie mondiale tout le système du FMI et de la Banque Mondiale en plus de toutes les structures annexes qui contribuent à la financiarisation et à la privatisation des économies à l’échelle de la planète. Derrière les crises dites ethniques en Afrique se trouve également cette bancocratie mondiale mobilisée et en guerre contre la souveraineté des nations et des peuples. Idéologiquement, elle est un grand contributeur à l’ethnisme et au racisme dans le monde et en Afrique. Les contradictions qu’elle génère dans les sociétés restent éminemment le carburant de tous les racismes que manipulent au service de leur carrière, des élites politiques réactionnaires, mafieuses, sans scrupules et sans projet porteur d’émancipation sociale.
De 1960 à 1980, pour ne citer que cette période, sont dénombrés, hors tentatives avortées, 41 coups d’État réussis en Afrique. A la même époque, les pays dits stables, comme la Côte d’Ivoire, le Sénégal ou le Gabon pour ne citer que ces exemples, relevaient bien souvent de la zone d’influence directe des politiques néocoloniales et des réseaux françafricains soutenus par des bases militaires domiciliées et encore opérationnelles de nos jours.
Quelques exemples: FMI-BM (Fonds monétaire international – Banque Mondiale) FED (Fonds européen de développement) BAD (Banque arabe de développement), etc.
Cf Verchave F. Xavier, -La Françafrique, le plus long scandale de la république, Paris Edit Stock 1998.
-Agir ici –Survie, Dossier: Trafics, barbouzes et compagnies, Paris, Edit L’Harmattan 1999
-L’envers de la dette. Criminalité politique et économique au Congo-Brazza et en Angola,…Paris, Ed.Agone, 2001.
Le Messager (Douala): Paul Biya (Cameroun), Omar Bongo (Gabon), Obiang Nguema (Guinée Equatoriale), Idriss Deby (Tchad), Sassou Nguesso (Congo), Blaise Compaoré (Burkina-Faso), à eux seuls, totalisent plus de cent vingt ans au pouvoir sans transformation sociale émancipatrice véritable pour leurs peuples.
Les exemples sont nombreux de satrapes africains qui, faute de toute politique d’aménagement réfléchie de l’espace de la nation réappropriée, se paient l’amusement grotesque de transférer dans leur village natal, le palais présidentiel, l’université, l’aéroport ou le port, le zoo public, l’hôpital central, le stade omnisport et le terrain de golf qui va avec, nombre d’infrastructures hôtelières de luxe et le dernier projet clé en main ou de mise en dépendance grâce la coopération extérieure. Toutes initiatives qui aggravent les rancœurs ethniques et dépossèdent nombre de villes importantes de toutes infrastructures collectives dignes de ce nom.
Harané PARÉ, enseignant, militant de l’AFASPA (Association française d’Amitié et de Solidarité avec les Peuples d’Afrique) intervention faite au colloque «Pour une lecture profane des conflits et des guerres – En finir avec les interprétations ethnico-religieuses. Samedi 25 octobre 2014
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE (établie par Harana PARÉ)
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  2. A.Kazancigil, L’État au pluriel, Paris, Ed. Economica-Unesco 1985
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  4. Bayart J. François, Les sociétés africaines face à l’État in Les Pouvoirs africains, Revue Pouvoirs N° 25, Paris 1985.
  5. Bessis Sophie, L’Occident et les autres: histoire d’une suprématie. Paris, Ed. La Découverte, 2001.
  6. Boubacar Boris Diop, Odile Tobner, François Xavier Verschave, Négrophobie Paris, Ed. Les Arènes, 2005.
  7. Catherine Coquery-Vidrovitch, *Décolonisation et nouvelles dépendances: modèles et contre-modèles idéologiques et culturels. Ed. PUL, 1985.
    *Afrique Noire: Permanences et ruptures. Paris, Ed. Payot, 1985.
  8. Cheikh-Anta Diop, -*Nations nègres et culture. Paris, Ed. Présence Africaine, 1954.
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  9. Colette Braeckman, Les nouveaux prédateurs: politique des puissances en Afrique centrale.Paris, Ed. Fayard, 2003.
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  11. Elikia Mbokolo, Le continent convoité: l’Afrique au XXème siècle. Paris, Ed. Axes, 1980.
  12. Elisée Reclus, L’Homme et la Terre,..2 vol. Paris, Ed.La Découverte, Maspéro, 1982,
  13. Emmanuel Terray, L’État contemporain en Afrique. Paris, Ed. L’Harmattan, 1987.
  14. François Jean et J.C. Rufin, Economie des guerres civiles. Paris, Ed. Hachette-Pluriel, 1996.
  15. Frantz Fanon Les damnés de la terre.Paris, Ed. Maspero, 1961.
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  21. Jean Ziegler, -*Main basse sur l’Afrique noire, Paris Ed. Seuil 1978.
    -*Les nouveaux maîtres du monde et ceux qui leur résistent, Paris, Edit Arthème-Fayard 2002.
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  24. Karl Marx, L’Expropriation originelle. Paris, Ed. Les nuits rouges, 2001.
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  31. Verchave F. Xavier, -*La Françafrique le plus long scandale de la république, Paris Edit Stock 1998.
    -*Agir ici –Survie, Dossier: Trafics, barbouzes et compagnies, Paris, Edit L’Harmattan 1999
    -*L’envers des la dette. Criminalité politique et économique au Congo-Brazza et en Angola, Dossier noir de la politique africaine de la France n° 16,2001, Agone, 225 p.
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  33. Yves Person Samori: une révolution Dyula 3 vol. Paris, Mémoire de L’IFAN. 1963-1975.

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