EXPOSE SUR CHOCS PETROLIERS


Un « choc pétrolier » est un phénomène de hausse brutale du prix du pétrole ayant une incidence négative sur la croissance économique mondiale. Selon les économistes, deux chocs pétroliers ont marqué l’histoire du XXe siècle : le premier en 1973, le second en 1979.
Depuis plus d’un siècle, le pétrole est l’un des moteurs fondamentaux de la croissance économique mondiale, d’où son surnom « d’or noir ». Le pétrole est utilisé directement ou indirectement dans un grand nombre de processus de production industrielle et de transport. Les variations de son prix ont donc un impact marqué sur la conjoncture économique. L’impact s’avère d’autant plus important qu’il n’existe pas de « bien de substitution de court-terme » au pétrole, c'est-à-dire de produit différent pouvant répondre rapidement aux mêmes besoins à un prix plus faible.


Evolution de la production de pétrole de 1960 à 2009  (© US Energy Information Administration/ Annual Energy Review 2009)
En parallèle à cette augmentation de la demande mondiale, l'Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) formée en 1960 se réunit en 1970 et 1971 afin de revaloriser le prix du pétrole. L’union de ces grands pays producteurs au sein d’un cartel accroît considérablement leur pouvoir de marché sur la fixation des quantités mises en vente ainsi que sur le prix du baril.

Prix nominal du pétrole (en bleu) et prix réel tenant compte de l’inflation (en orange)
Consommation de pétrole par région en millions de barils par jour (© BP Statistical Review of World Energy June 2010)



Des développements similaires de luttes pluriethniques ont marqué également l’ensemble des mouvements de décolonisation. Et c’est en niant idéologiquement et matériellement cette inscription pluriethnique des sociétés africaines dans la temporalité historique, que le système colonial européen, au service du capitalisme, jette les fondements d’une perception ethnicisée des réalités sociales en Afrique. En employant tous les moyens pour démembrer et reconfigurer l’espace socio-historique des peuples d’Afrique, en plaçant hors du champ historique, l’invention du social par les Africains, la domination et sa continuation néo-capitaliste ont conduit à la reproduction extravertie et violente des rapports sociaux en Afrique, tout en prenant soin, par camouflage idéologique et intérêts, de les réduire à l’expression d’une barbarie consubstantielle, voire dictée par un déterminisme ethnique propre aux Africains mêmes.

II – Ordre colonial et continuités néo-coloniales
Pour les besoins du procès –au sens de processus- de la domination, tout a été convoqué et manipulé : la socio-production identitaire des colonisés mêmes, l’ethnologie et la géographie coloniale (8), l’Eglise et la Bible, etc. Le but de l’opération: aider les administrations à établir les tables de l’ethnicité africaine, doublées de tout un corpus idéologique conséquent. A tout va, les structures coloniales vont alors répertorier, recenser, classer, comparer et hiérarchiser biologiquement, à la manière des entomologistes, les Africains et leurs ethnies pour découvrir ainsi au passage et sans surprise, des «sauvages», quelques «civilisés ressemblants» avec étonnement, des «laids», quelques «beaux aux traits affinés et donc dignes de confiance», des «menteurs, des fainéants, des belliqueux», et rarement des «travailleurs et des créateurs», etc.
Les grandes firmes transnationales et les grands États capitalistes à leur service et de concert, savent tout mettre en œuvre et par tous les moyens de la désinformation, la coopération illusoire ou l’occupation-ingérence brutale, sans oublier les bases militaires domiciliées, pour imposer aux sociétés locales, des politiques de déterritorialisation privatives et d’inspirations néocoloniales. A ces fins, devient indispensable, le truchement des élites de connivence et des classes sociales dominantes qui tiennent les sommets des États dépendants. Et c’est sur ce terreau que prospèrent les prétendues crises ethniques africaines. A bien des égards donc, ces poussées de relents ethnicistes, ressemblent plutôt à des crises d’expressions sociales, générées par les contradictions du capitalisme néo-impérial dont les effets sociaux déstructurants sont à l’œuvre dans les formations sociales périphériques et dominées des États dépendants. Loin d’être des crises de confrontations qu’imposeraient d’éventuelles distances d’identités et de cultures, elles expriment plutôt la violence des distances socio-économiques au sein des États.
En transformant ces États-nations en simples coursiers au service des multinationales au détriment des peuples, en organisant et en accompagnant le pillage et/ou la prédation structurelle des ressources à leurs seuls profits, les élites au pouvoir, à vrai dire, ne s’embarrassent plus de soucis de développement national. A ce niveau, elles n’affichent plus que des simulacres de gestion publique sous forme de distillat idéologique qu’elles manipulent et destinent au maquillage politique du processus de « l’accumulation primitive » qu’elles opèrent sur le dos des populations laborieuses des villes et des campagnes et dans lequel elles s’inscrivent en tant que couches bénéficiaires et forces d’accompagnement du sous-développement. Du même coup, elles renforcent, consciemment ou naïvement, l’articulation néolibérale des formations dominées aux anciennes métropoles de l’exploitation continue et domiciliée.
Un tel procès de privatisation de l’État-nation, réduit, de toute évidence, les capacités de celui-ci et le confine exclusivement dans des fonctions régaliennes purement coercitives, tout en le rendant, au passage, inapte ou peu enclin à mettre en place des projets d’émancipation collective. Dans ces conditions les tensions sociales s’accroissent, le civisme s’effrite et les premiers nationalismes des indépendances qui avaient tenu lieu de ciment se lézardent. Inévitablement, l’État-nation se retrouve exposé aux coups d’État (10), aux crises de sécession de type régional-ethniciste, aux déchirements électoraux ou aux crises urbaines et syndicales de vie chère. Si seules, ces dernières, expriment des préoccupations de classes sociales dominées, toutes ont, cependant en commun, la spécificité de relever, des contradictions d’une promesse de développement bloqué et extraverti par la dépendance au système capitaliste.
Le vernis de l’idéologie de la nation se craquelle par déficit de conviction. La crise en mettant à nu les contradictions sociales les accentue. Sous l’effet combiné des politiques de prédation ou de manipulation illusoire, ces tensions, par diversions, finissent par être soumises à des interprétations ethnicisantes que vont vivifier, au final, l’accaparement patrimonial et privé de l’État par les différentes fractions clientélistes des couches dominantes. Entre elles, s’aiguise alors la course pour la caporalisation des institutions et le contrôle des segments d’état rentables et captateurs des fonds de mise en dépendance. Bien évidemment, ces fonds sont fournis par la dette dite d’aide internationale au développement. Ils sont accordés par les différents réseaux et relais institutionnels du capitalisme mondialisé que sont les grandes banques (11) et autres organismes de coopération, sans oublier le redoutable « Club de Paris » où sont négociés, rééchelonnés et imposés les services de la dette ; et où les États dépendants qui tentent de redresser la tête sont carrément humiliés. A ce titre, les réseaux françafricains (12), loin d’être en reste, ne sont justement pas animés par des enfants de chœur. A l’occasion, les uns comme les autres, se révèlent prompts à tirer les ficelles de l’ethnisme au nom même de la démocratie.
Dans ce jeu complexe, certains secteurs d’exercice de la domination sont marginalisés par des mésalliances politiques conjoncturelles. Ceux en pole position, au sommet du pouvoir, munis de la seule boussole de leurs intérêts immédiats, se retrouvent sans légitimité populaire et à court de projets émancipateurs. Dans ces conditions, les uns comme les autres, finissent par recourir à ces idéologies de rechange que constitue la mobilisation réactionnaire d’imaginaires ethnicisants, conjuguée, du même coup, avec l’abandon de toute analyse de la situation sociale en terme de classes que le nationalisme des indépendances tendait déjà à occulter, dans le cadre de la nation en début de construction. Résultat, les procès de détribalisation amorcés, dès les premiers moments de la colonisation jusqu’aux indépendances, lors des luttes politiques et syndicales d’émancipation à tous les niveaux, sont sapés par la mise en œuvre de politiques néocoloniales au bilan catastrophique: indépendances confisquées, endettement honteux et véritable frein au développement, politiques de pillage structurel organisé par les élites et les classes sociales dominantes au pouvoir, brutalisation des consciences critiques et misère abyssale des couches pauvres. D’où l’acuité des tensions sociales dans les villes, comme dans les campagnes, conjuguées avec des rancœurs régionales qui s’amoncellent, sans traduire véritablement le creusement de distances culturelles irréversibles.
III – Derrière l’ethnicisme et le racisme: des valets, des multinationales et la bancocratie mondiale
D’une certaine manière, le plombage de la construction nationale, le sous-développement structurel, imposé par les logiques d’expansion du capitalisme en périphérie et les choix politiques de prédation mafieuse et d’intimidation des esprits lucides opérés par les éléments les plus brutaux des élites au pouvoir, finissent inéluctablement, par favoriser, en réaction, l’émergence de courants régionalistes, ethnicisants, et rétrogrades. Ceux-ci s’affirment concomitamment à l’échec politique des bandes organisées au sommet des États. Et c’est ainsi que le dépérissement de la nation entraîne l’affirmation des identités ethniques voire d’entités régionalistes rarement progressistes et servant de bases d’appui à des opérations malhonnêtes au profit du capitalisme généralisé. L’approfondissement inégalitaire de la ponction mafieuse opérée sur les biens publics, renforce donc les tentations de glissements vers l’ethnicisme et le régionalisme politique. Et c’est aussi pratiquement dans ce décor de ruine sociale de la nation que s’élèvent et se consolident des carrières politiques de satrapes africains, peu soucieux de leurs peuples et décidés à moisir au pouvoir (13).
Pour de tels personnages, l’État acquis par coups d’état et confiscations électorales successives, devient de fait un fief et une simple satrapie où la puissance des bandes se mesure à leurs capacités et aptitudes à opérer des enracinements locaux ou régionaux de type ethniciste par les moyens les plus hétérodoxes: pressions et répressions politiques, corruption, népotisme, etc. L’ethnisme prend alors corps et fonctionne idéologiquement comme un micro-nationalisme de dissidence de type réactionnaire. Il fonde l’illusion de l’unité ethnique incarnée par des personnalités et des mythologies et occulte les intérêts de classe sociale à l’échelle locale. Sur le plan instrumental, un tel ethnisme, se présente comme la capacité des élites à satisfaire des demandes locales de modernité et de développement, hors État ou contre celui-ci, des régions d’où elles sont originaires. L’exemple même est donné par les sommets de l’état central. Ce dernier est caporalisé comme fief et mis au service exclusif de la région ethnique d’origine du satrape au pouvoir (14). Une telle caporalisation de l’organe central, conjuguée avec les attentes exogènes de la domination néo-impériale, rendent le pouvoir inapte et impuissant à opérer de façon égalitaire et équilibrée, l’équipement en infrastructures collectives et socio-économiques de l’espace de la nation. Voilà pourquoi, on peut affirmer, sans se tromper, que les politiques inégalitaires d’états inscrits dans des logiques néocoloniales, sont aux fondements de l’ethnicisme. Les inégalités sociales, ou régionales et l’absence ou les carences d’une politique cohérente d’aménagement intégré des territoires participent directement ou indirectement à l’éclosion des logiques ethnicistes à tendances régionalistes, tout comme l’incapacité sociale des régimes à s’émanciper des cadres étroits du localisme clanique et du néocapitalisme destructeur de capacités d’épanouissement social.
Sortir de ces impasses n’est pas impensable, mais exige certainement d’autres choix politiques qui portent l’émancipation et la gestion équilibrée au plan social des contextes pluriethniques. Ces derniers, loin d’être des clôtures imaginaires fermées, restent avant tout, et en définitive, des marqueurs culturels ouverts et inscrits dans la longue durée historique des sociétés et des États africains. En ce sens, la pluriethnicité, comme inscription socio-identitaire et langage multiple, signe plutôt, la richesse culturelle des nations. Cependant, l’exposition à l’ethnisme ou à l’ethnocentrisme étroit, reste potentiellement dangereuse et porteuse d’oppositions identitaires illusoires violentes au grand bénéfice des tenants de l’ordre social et dont l’expression, en dernière instance, découle des désordres du capitalisme.

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